Tout pour le lefien...
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« On était une bande d’amis, la plupart déjà fraudeurs, des étudiants Erasmus, des Parisiens et des provinciaux, raconte Frédéric, 22 ans, qui a créé, l’an dernier, une mutuelle de fraudeurs avec une dizaine d’étudiants dans son université. Le principe ? « On paie tous 7 € par mois à une caisse commune qui sert à rembourser les amendes des membres.
A la fin de l’année, il ne reste que 3 € dans la caisse commune. » « Ensuite, il y a des règles informelles, poursuit Frédéric : il y a une ou deux stations à Paris qu’il faut absolument éviter, on essaie aussi toujours d’avoir un ticket sur soi ou de payer directement le contrôleur pour que l’amende soit moins élevée. Mais, au bout d’un moment, si on est attentif, on ne se fait presque jamais prendre. »
En général, les resquilleurs réunis en mutuelle n’aiment pas beaucoup faire parler d’eux dans les médias. « On compte beaucoup plus sur le bouche-à-oreille ou sur les journaux associatifs pour faire connaître nos actions et recruter de nouveaux membres », explique un adhérent. Nous avons tout de même pu suivre la réunion mensuelle d’une mutuelle de fraudeurs parisienne. 21 heures, dans un café associatif de la capitale. Dans la trentaine de personnes qui composent l’assistance, une dizaine est déjà adhérente. Il y a aussi des membres d’autres mutuelles, comme cette femme de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui vient « pour prendre contact et échanger des modes de fonctionnement », ainsi que quelques néophytes.
Une jeune fille explique : « Je viens de me prendre une amende de 72 € de la part de la RATP. Pour moi, ce n’est plus possible. » Son amende ne sera pas prise en charge tout de suite par la mutuelle. « On a quelques règles, assure une trentenaire, cheveux courts, qui fait partie des membres fondateurs. Le but, ce n’est pas juste de rembourser les PV, c’est aussi un combat politique autour de la gratuité des transports. »
Au-delà des bons plans qu’on s’échange pour payer moins cher ou pour retarder le paiement des contraventions, c’est bien le débat sur les transports gratuits qui a principalement occupé les participants à la réunion. Un jeune fraudeur estime que « l’on paie deux fois les transports, avec les impôts et avec les tickets ». Pour un autre, le métro est un « laboratoire libéral, un univers ségrégationniste ». La trentenaire qui fait partie des anciens souligne que « les transports gratuits, c’est possible. Cela s’est fait dans des villes comme Compiègne, Châteauroux ou Hasselt, en Belgique ». Tous espèrent que ce sera un jour le cas à Paris. En attendant, ils continuent à sauter les portillons…
Source : Le parisien
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