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La France se préparait à un "jeudi noir" dans les transports avec une grève annoncée comme la plus importante depuis 12 ans, pour protester contre la réforme des régimes spéciaux de retraites voulue par le président Nicolas Sarkozy, qui a affirmé qu'il ne reculerait pas.

La grève a commencé dès mercredi à 20H00 (18H00 GMT) dans les chemins de fer et les syndicats de cheminots ont déjà décidé de se réunir lundi, pour décider d'une nouvelle grève, éventuellement reconductible.

Avec un trafic très perturbé dans les trains, autobus, métros et tramways, les usagers des transports cherchaient les solutions pour éviter "la galère" de cette journée de grève, première grande épreuve de force entre les syndicats et M. Sarkozy, élu en mai.

Les services de vélo libre-service, installés dans plusieurs grandes villes comme Paris ou Marseille, devraient être pris d'assaut. Dans la capitale, un responsable de JCDecaux, qui gère le réseau Vélib', a dit s'attendre à "un nombre d'utilisations record" pour jeudi.

Les sites de co-voiturage s'attendent aussi à plus d'appels. Certains usagers se sont arrangés pour travailler de chez eux, prendre une journée de congé ou bien dormir chez des proches près de leur lieu de travail.

Le trafic des trains grandes lignes et de banlieue devrait être réduit dès mercredi à partir de 20H00 (18H00 GMT). La société des chemins de fer français (SNCF) a demandé aux usagers de surseoir à leurs déplacements jusqu'à vendredi soir.



Les TGV seront quasiment à l'arrêt (seuls 46 sur 700 en temps normal circuleront), sauf vers l'étranger où une majorité de Thalys et d'Eurostar fonctionneront. Des perturbations pourraient aussi toucher les aéroports.

Le trafic des métros et des autobus, qui permettent à des centaines de milliers de Parisiens de venir au travail sera extrêmement perturbé, voire quasi-nul, selon les prévisions.

C'est la première fois depuis 1995 que les huit syndicats de la SNCF ont appelé unanimement à la grève ainsi que six syndicats de la RATP (métro parisien) et les cinq fédérations de l'Energie.

Les syndicats de fonctionnaires qui ne sont pas concernés par les régimes spéciaux doivent par ailleurs se réunir le 22 octobre pour décider d'une éventuelle action "à la mi-novembre" contre la réforme annoncée de la fonction publique (près de 5,2 millions d'agents) qui prévoit en 2008 la suppression de 23.000 postes.

La réforme des régimes spéciaux dont bénéficient 500.000 salariés (1,1 million de retraités) sur les quelque 18 millions de salariés du secteur privé, entend les faire passer d'ici à 2012 à 40 ans de cotisation, contre 37,5 ans aujourd'hui.

Mais pour les syndicats, la réforme anticipe surtout une prochaine remise en cause du régime général, avec à la clef une baisse des pensions de tous les salariés.



Face à la mobilisation, Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi qu'il tiendrait cette promesse de campagne sur les régimes spéciaux, une réforme plusieurs fois repoussée, notamment en 1995 après trois semaines de chaos dans les transports.

"Il y a des réformes dont chacun sait qu'elles doivent être mises en oeuvre et qui ne l'ont pas été. Et bien nous allons le faire tranquillement mais fortement", a-t-il dit. "J'ai été élu pour ça, que personne ne doute que je le ferai (...) j'ai été élu pour changer la France".

Des cheminots se disent eux très "remontés" et explique en avoir assez d'être stigmatisés comme des "privilégiés", soulignant notamment qu'en échange de la possibilité de partir à 55 ou 50 ans, ils touchent de plus faibles retraites avec, pour 62% d'entre eux, moins de 1.500 euros brut par mois.

Entre 55 et 61% des Français jugent que la grève n'est "pas justifiée" selon des sondages. Mais les Français sont plutôt favorables au mouvement de protestation lorsqu'il s'agit de l'avenir des retraites en général.

Cette première épreuve de force sociale marque "la fin de l'état de grâce", pour M. Sarkozy, ont assuré les socialistes.

Source : AFP